Les passions et le jeûne
Préparons nous à entrer dans la période du carême, pour la vivre d'une manière intense et entrer avec joie dans la glorieuse fête de la résurrection à Pâques.
Faire une diète végétalienne à l'épeautre de quelques jours, est un grand soutien pour notre vie spirituelle et la santé de notre corps.
Que peut nous apporter une monodiète à l'épeautre?
"Lorsque l'homme contraint volontairement sa chair pour l'amour de Dieu, il exalte son esprit intérieur vers la béatitude". Ainsi sainte Hildegarde conseille le jeûne pour les tempéraments sanguins (air), nerveux (terre) et flegmatiques (eau) par contre, pour le tempérament bilieux (feu), elle conseille d'être prudent et modéré dans le jeûne, car ce tempérament est excessif dans sa volonté, ce qui peut produire une démeusure.
L'épeautre en lui même est une céréale qui purifie le corps, il contribue à équilibrer et à stimuler tous les sens.
Il apporte un soulagement des fonctions hépatiques et rénales, il permet la régularisation du transit intestinal grâce à ces fibres. Sa composition importante en oléates contribue à apporter une proportion de bon cholestérol HDL.
La libération de son énergie est très régulière, ceci est un atout dans les cas de diabète ou d'intolérance aux hydrates de carbonnes et ceci aide à la perte de poids.
Infos
Dans l'esprit des conseils de santé de sainte Hildegarde, des lieux sont proposés pendant le carême pour vivre une diète végétalienne.
Nous vous donnons rendez-vous sur notre site pour consulter les dates de la session de monodiète à l'épeautre au domaine de Chadenac, où nous aurons la présence du père Jean-Marie Luc de la communauté saint-Jean. Le père Jean-Marie Luc prépare une comédie musicale sur sainte Hildegarde qui sera jouée cet été par des jeunes, il est aussi responsable de l'association St Jean Révélateur.
Sur notre site nous avons également mis en place un forum de discussion pour les membres de l'association et un forum pour les thérapeutes. Ce forum est gratuit pour les religieux, religieuses, et les prêtres. Le but du forum est de se soutenir et de se transmettre des informations entre thérapeutes s'interressant aux conseils de santé de sainte Hildegarde.
Nous proposerons sur le site une neuvaine à saint Joseph du 10 au 19 mars, une neuvaine pour la défense du respect de la vie de l'embryon du 20 au 29 mars.
Pensez à faire suivre toutes ces informations à vos amis.
Les passions
Hildegarde insiste sur le fait qu'il ne faut pas négliger l'ordre des vertus. Elle affirme que « lorsque l’homme accueille la rectitude, il goûte et il boit les vertus, elles le confortent comme le vin emplit les veines de celui qui le boit ».[1] Dans toutes les opérations de nos capacités nous avons besoin des trois vertus théologales de foi, d'espérance et de charité. L’accueil de la vertu de force nous permet de « lever le regard » puis, grâce à la tempérance le déroulement de notre pensée s'organisera et s'harmonisera avec un rythme bien coordonné. Ceci ne peut se faire, que si de façon concomitante, nos passions qui émergent sont analysées avec prudence pour que nos choix libres nous fassent avancer dans le juste chemin.
Les quatre groupes de capacités de l’Homme, que l'intelligence et la mémoire englobent, sont la raison (cognition, discernement), la volonté (désir), les passions ( émotions, sentiments) et l’imagination ( instincts, réflexes profonds). Ces capacités sont le prolongement des sens, elles en font partie car toutes les capacités de l’âme sont contenues dans les sens. L’unité de la personne ne peut se faire que lorsque les capacités de l’homme sont bien ordonnées.
Les passions sont bonnes, elle nous tirent vers le bien à condition de ne pas s'emballer vers le feu des passions criminelles, mais de garder allumée la chaste flamme du plus pur amour du Seigneur.
Voici comment le Catéchisme de l’Église Catholique définit les passions.
Le terme de " passion " appartient au patrimoine chrétien. Les sentiments ou passions désignent les émotions ou mouvements de la sensibilité, qui inclinent à agir ou à ne pas agir en vue de ce qui est ressenti ou imaginé comme bon ou comme mauvais.[2]
Les passions sont des composantes naturelles du psychisme humain, elles forment le lieu de passage et assurent le lien entre la vie sensible et la vie de l’esprit. Notre Seigneur désigne le cœur de l’homme comme la source d’où jaillit le mouvement des passions (cf. Mc 7, 21).[3]
Les passions sont nombreuses. La passion la plus fondamentale est l’amour provoqué par l’attrait du bien. L’amour cause le désir du bien absent et l’espoir de l’obtenir. Ce mouvement s’achève dans le plaisir et la joie du bien possédé. L’appréhension du mal cause la haine, l’aversion et la crainte du mal à venir. Ce mouvement s’achève dans la tristesse du mal présent ou la colère qui s’y oppose.[4]
" Aimer, c’est vouloir du bien à quelqu’un " (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 26, 4). Toutes les autres affections ont leur source dans ce mouvement originel du cœur de l’homme vers le bien. Il n’y a que le bien qui soit aimé (cf. S. Augustin, Trin. 8, 3, 4). " Les passions sont mauvaises si l’amour est mauvais, bonnes s’il est bon " (S. Augustin, civ.14, 7).[5]
Le cœur est le siège de la personnalité morale : " C’est du cœur que viennent intentions mauvaises, meurtres, adultères et inconduites " (Mt 15, 19). La lutte contre la convoitise charnelle passe par la purification du cœur et la pratique de la tempérance.
Maintiens-toi dans la simplicité, l’innocence, et tu seras comme les petits enfants qui ignorent le mal destructeur de la vie des hommes (Hermas, mand. 2, 1).[6]
La passion la plus fondamentale est donc l’amour. Hildegarde nous dit « qu’il est impossible de séparer l’amour de Dieu de celui du prochain, lorsqu’ils s’expriment dans l’unité de la foi par l’énergie divine d’amour et lorsqu’ils enserrent la foi dans un suprême désir ».[7]
Sainte Hildegarde relie la passion, au sens du goût et à l’eau. L’eau et le goût des passions doivent être transformés en vin de l’esprit par nos capacités spirituelles de raison et de volonté. Le goût est un sens qui nous fait sentir le salé, le sucré, l'amer, l'acidité. Tout ce qui donne du goût aux passions est bon, nous lisons dans l'évangile de Marc, 9,50 " C'est une bonne chose que le sel ; mais s'il cesse d'être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre de la saveur? Ayez du sel en vous mêmes, et vivez en paix entre vous".
Les passions déréglées sont responsables des angoisses du corps. Sainte Hildegarde, relie les passions avec le goût et ce sens avec le Nord, l’Aquilon (arrière du corps) et avec les cuisses. En effet, l’homme étant face au Sud, ce qui est au Nord est dans la partie arrière. Ceci peut correspondre au système musculaire (langue, dos, cuisses, mollets) qui permet les mouvements, l’action et le flux des humeurs. « Les flancs abritent des énergies dont le jeu peut être trompeur et dangereux ».[8] Hildegarde situe le lieu d’action des passions dans le système musculaire et humoral. « Les faisceaux musculaires sont pleins de veines et d’humeurs ».[9] C’est pourquoi, la régulation des passions passe aussi par l’équilibre de la tension et du relâchement des fibres musculaires. Le sport équilibré, la relaxation, le bon goût des aliments, le rire joyeux, le pardon, l’amour inconditionnel etc… aident à réguler les passions.
A partir de l’âge de raison, nos passions doivent donc être intérieurement accueillies, reconnues, nommées. Elles doivent être gouvernées par la raison et la volonté qui sont nos capacités spirituelles, à condition que celles-ci se sont bien construites.
L’excitation des sens, l’emballement des passions dérèglent « les humeurs » et modifie les circuits neurologiques des sens. Les musiques mal rythmées, dont les sons et les vibrations sont excessifs, les images agressives et perverses, les drogues, l’excès d’alcool, les mauvaises méditations (volonté d’illumination), l'obsession et la perversion sexuelles, l’excès de sport, etc... modifient nos circuits sensoriels et nos humeurs et dérèglent toutes les passions. La tempérance et la vertu de modération permettent de canaliser les passions car la démesure entraine le désespoir. Dans le Livre des Mérites de La Vie, sainte Hildegarde décrit trente-cinq vices et les vertus qui leur correspondent. Les vices sont décrits sous forme d’allégories caricaturales, les passions déréglées par les vices nous rendent difformes et grotesques.
En cette période d’entrée en carême, découvrons nos passions, accueillons les humblement. Prenons de justes résolutions pour les purifier. chaque tempérament à un élément dominant, une passion dominante, apprenons à reconnaitre notre tempérament.
Des attitudes peuvent nous aider : le jeûne avec juste mesure, la prière, l’aumône.
La médecine de sainte Hildegarde peut nous aider dans cette régulation de l'humeur et des passions. Cette médecine est entre autre, basée sur le principe de détoxination des tissus, de leur relâchement et de leur tension équilibrée. Citons pour cela quelques moyens efficaces : la prière en particulier à l'aube, s'appliquer à faire grandir les vertus, pratiquer le jeûne, l'activité physique consciente.
Pour les personnes fragiles et souffrantes il y a aussi: les massages, la pose de ventouses, le massage avec les ventouses, les 2 saignées par an, les bains chauds ou tièdes, les bains dérivatifs, la transpiration grâce au sport, au hammam...
Bonne route pour ce carême 2017,
Dr Marie-Cécile Fonlupt
[1] Hildegarde de Bingen, Livre des Œuvres Divines,éd.Albin Michel, Paris, 2006, 2ème vision 19, p.32.
[2] Catéchisme de l'Eglise Catholique (CEC), 1763.
[3] op. cit.,CEC, 1764
[4] ibid.,CEC, 1765.
[5] ibid., CEC, 1766
[6] ibid., CEC, 2517
[7] Hildegarde de Bingen, Livre des Œuvres Divines,éd. Albin Michel, Paris, 2006, 1ème vision 4, p.8.
[8] op. cit., 3ème vision 1, p.51.
[9] Ibid., 3ème vision 13, p.62.
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